DSK : de deux choses l’une...
Soit il est coupable des faits dont il est accusé par Mme Diallo, femme de chambre du Sofitel de Manhattan, soit il ne l’est pas...
S’il n’est pas coupable, soit Mme Diallo a inventé l’agression alors qu’elle était consentante, et peut-être même impatiente, sur le conseil d’une autre habituée du Sofitel, Mme Pirochka Nagy, de tailler une pipe au big boss du Fonds monétaire international ; soit elle a malencontreusement taché son chemisier du sperme que DSK avait éjaculé un peu partout dans la suite après avoir visionné sur la TV câblée un porno intitulé « FMI : Fuck Me Immediately ! ».
Dans ce dernier cas, pas de problème, tout le monde peut (légalement) se faire une branlette sans se soucier du risque pour la tenue de service des soubrettes. Mais si Mme Diallo a, de son plein gré, sucé le gros crayon (comme on dit en Aquitaine) pour en tirer la substantifique moelle, de deux choses l’une : soit elle en a éprouvé l’irrésistible envie, que ce soit sur le conseil de Mme Nagy ou parce qu’elle s’est trouvée subjuguée à la vue du phallus effémique ; soit elle s’est sciemment laissée faire dans le but d’exercer par la suite un odieux chantage sur DSK, bénéficiaire consort, comme chacun sait, de la fortune Sinclair.
Si Mme Diallo a eu, sans arrière-pensée, une faiblesse pour la chipolata strauss-kahnienne, pas de problème : après tout, le vit c’est la vie, et rien n’interdit à l’antilope de faire une gâterie au lion dont chacun sait, suprême délice, qu’il possède un os dans son organe (le lion, pour DSK, on ne sait pas). Mais si Mme Diallo a voulu faire chanter le patron du FMI, l’attaquer au portefeuille après lui avoir délibérément soulagé les bourses, de deux choses l’une : soit elle jouait finement la partie en exigeant, sous la menace d’une dénonciation pour viol, une somme rondelette mais infiniment moins coûteuse pour DSK qu’un très médiatique procès ; soit elle s’exposait, dans l’espoir d’une énorme indemnité au civil, à un procès à l’américaine pouvant déboucher sur tout et son contraire, y compris en mettant en lambeaux sa propre réputation.
Chacun, à l’aune de sa connaissance de la grande comédie humaine, jugera comme il l’entend la crédibilité de cette dernière alternative, sachant qu’une discrète et rondelette « indemnisation compensatrice », versée pour solde de tout compte à Mme Diallo, eût coûté – politiquement et financièrement – infiniment moins cher qu’un procès à DSK, et de surcroît donné à la fausse victime la possibilité de s’assurer un avenir confortable en Guinée. Reste la possibilité que Strauss-Kahn soit effectivement coupable de l’agression sexuelle qui lui est imputée par Cyrus Vance, district attorney de Manhattan. Et là, de deux choses l’une : soit il a estimé parfaitement normal de « trousser une domestique », pour reprendre la malheureuse expression de JFK (pas le queutard assassiné à Dallas, mais l’éditorialiste* de Marianne) ; soit il a, pour parler trivialement, « pété un câble » en sautant, flamberge au vent, sur la malheureuse femme de ménage, avec le vorace appétit sexuel d’un bonobo en rut.
« Trousser une domestique » relève d’une vieille pratique aristocratique et bourgeoise qui, dans un pays de tradition gauloise fortement porté sur la gaudriole, a malheureusement trouvé son prolongement dans le harcèlement sexuel sur les lieux de travail. Un harcèlement exercé par un pourcentage encore trop important de patrons sur leurs subordonné(e)s dans tous les lieux où se côtoient humbles et puissants. Mais en admettant que DSK se soit livré à ce « droit de cuissage » auto-délivré, de deux choses l’une : soit il l’a fait par habitude de la chose, persuadé que Mme Diallo se montrerait finalement aussi raisonnable que celles qui, dans le passé, auraient déjà subi ses assauts virils sans trop protester (censées qu’elles étaient d’être honorées d’avoir servi de fourreau à l’épée du FMI) ; soit, s’étant accidentellement trouvé nu face à une jeune femme appétissante, Strauss-Kahn a illustré l’adage bien connu « l’occasion fait le larron », inconsciemment persuadé que rien de fâcheux ne pouvait atteindre un personnage aussi considérable que lui, une insignifiante fauvette ne pouvant sérieusement mettre en difficulté un aigle aussi majestueux et aussi puissant.
Un aigle au raisonnement de buse qui ignore qu’agressées, il arrive que des fauvettes, surmontant leur traumatisme, puissent, à l’image de Mme Diallo, réclamer justice en dénonçant cet ignoble droit de cuissage, qu’il relève de l’habitude du satyre mis en cause ou de la circonstance fortuite. Encore parle-t-on là d’un DSK à peu près conforme à l’image que l’on en découvre : celle d’un érotomane compulsif qui avait pourtant tout intérêt à contrôler ses libidineuses pulsions, eu égard à son prestigieux plan de carrière. C’est donc tout naturellement que l’on en revient à la question sus-évoquée : et si Strauss-Kahn avait « pété un câble » ? Pourquoi pas, en effet ? Mais alors, de deux choses l’une : soit il avait une prédisposition psychologique à craquer tôt ou tard dans la galipette ancillaire, soit il a, de manière inconsciente, voulu imposer à sa très exigeante moitié, véritable coach de son ambition élyséenne, un NON radical et définitif à une aventure politique pour laquelle il n’avait pas d’appétit réel. Les psychanalystes appellent cela « un acte manqué ».
Et si la clé de cette sordide affaire était là, dans un acte manqué ? De deux choses l’une : soit cette hypothèse est sensée, soit elle est débile. Á chacun de se faire une opinion au fil des révélations. Mais alors, de deux choses l'une...
Article publié le 30/05/2011 sur agoravox.fr